Amabella Curumba Philippine dirige le MMPP « mouvement pour la paix à Mindanao » Partenaire du CCFD Terre solidaire (Comité catholique contre la faim et pour le Développement) , elle était en visite dans la région la semaine du 19 au 22 mars 2018 pour évoquer son pays et rencontrer quelques acteurs de solidarité dans la région.
Les Philippines, c’est cet archipel de 7641 îles situé au large de la mer de Chine qui a connu la colonisation espagnole puis celle des Etats Unis. Ces migrants européens et américains se sont ajoutés aux peuples autochtones et aux populations asiatiques en particulier indonésiennes, birmanes, vietnamiennes qui ont fui la guerre dans les années 1970 à bord des « boat’ peoples », qui préfigurent les embarcations de fortune qui traversent la Méditerranée.
Les Philippines constituent donc une mosaïque de peuples (106 millions d’habitants), de langues et de religions dont la vie est émaillée de nombreux conflits sur fonds de préjugés, de minoration et de marginalisation des premiers habitants, d’accaparement de la terre et de ses ressources,….
Las des guerres, des négociations gouvernement/rebelles sans issues satisfaisantes, des Philippins réunis autour du MMPP s’organisent et mettent en œuvre des méthodes différentes basées sur la compréhension mutuelle, le dialogue, la promotion de la solidarité : on rassemble autour d’une même table les acteurs des conflits, on apprend à se connaitre, on cherche à comprendre ce qui génère les conflits, à chercher des solutions ensemble. Depuis 2011 MMPP s’est fait connaitre et reconnaitre dans la gestion de conflits et est devenu un acteur de la vie politique.
Amabella est venue expliquer son engagement dans ce mouvement pour la paix, ses méthodes, les difficultés rencontrées et parfois les revers qui obligent à recommencer. Aux Philippines comme en France, c’est la construction patiente de solidarités qui permet aux incompréhensions de s’atténuer, aux conflits de se résoudre dans la paix. Une centaine de personnes ont écouté et échangé avec Amabella au cours de la réunion que le CCFD Terre solidaire avait provoquée à Hautmont le 21 mars2018. La question du réchauffement climatique a été abordée car Mindanao voit le nombre et la violence des typhons augmenter, la déforestation s’étendre pour des cultures d’huile de palme, les terres s’accaparer pour des investisseurs Chinois,….
Accompagnée d’une équipe du CCFD Terre solidaire Amabella a rencontré des militants de la CIMADE de Maubeuge : 11 bénévoles formés et compétent, expliquent aux migrants leurs droits, et les accompagnent dans leurs démarches. « Nous essayons d’être présents là où la dignité des personnes est en jeu » commente Jean-Marie Rausenberger, président régional de la CIMADE. Les droits, c’est aussi celui qu’ont les personnels des centres d’hébergement de s’opposer collectivement à l’entrée des représentants de l’OFPRA ou de la police que la circulaire Colomb prévoit. Amabella a rencontré deux demandeurs d’asile à Louvroil et un échange s’est établi sur leur vécu.
Autre lieu de solidarité : la communauté Emmaüs de Glageon : 37 compagnons et une dizaine de bénévoles ramassent ce dont les gens se débarrassent, trient, remettent en état, réparent ou recyclent, remettent en vente ce qui peut l’être dans cette ancienne filature de Glageon. A Emmaüs des personnes brisées par la vie sont accueillies et se reconstruisent peu à peu. L’âge moyen des compagnons est passé en quelques années de 35 à 18 ans et la communauté héberge sept femmes et trois enfants. Leurs origines sont diverses et acceptées sans racisme. La salle des ventes est ouverte au public mercredi, jeudi et samedi de 13h30 à 17h30.
Aux Philippines comme en France et dans tant de pays sur la planète, le CCFD Terre Solidaire est témoin de personnes qui se mobilisent pour créer des ponts entre les gens, pour substituer le dialogue à l’affrontement, tisser des solidarités et promouvoir la paix et rendre la terre habitable pour tous.
A la question de savoir ce qui l’a étonné en Europe, Amabella a répondu : « Je croyais qu’il n’y avait pas de sans-abris en Europe, oh my God ! : Un homme en plein hiver dans la rue, j’ai vu que ça existait. Nos pays commencent à se ressembler. La population qui souffre augmente, il faut qu’on cherche des solutions ensemble, tous les peuples du monde ».
Lors de ses visites, Amabella a aussi rencontré Lisa, originaire de son pays et qui vit à Solre Le Château.
Pierre Descamps